#INTERVIEW : L’expert Artsper

“L’art sauvera le monde” disait Fiodor Dostoïevski. Au XIXe siècle l’écrivain russe prophétisait un rôle salvateur à l’art de nos sociétés. Un coup d’oeil aux chiffres du marché de l’art permettent en effet de constater qu’aujourd’hui, ce secteur explose.

Cela Hugo Mulliez et François-Xavier Trancart l’ont bien compris. En créant Artsper, site de e-commerce qui boulverse les pratiques de l’art contemporain, les deux jeunes entrepreneurs entendent bien décomplexer ce milieu.

Fondé en 2012, cette jeune startup a réussi à se faire une place de renom dans ce secteur très fermé. Forte de nombreux partenariats avec des galeries du monde entier, qui mettent en vente les oeuvres de leurs artistes sur leur plate-forme, Artsper est en train de devenir une véritable référence en art contemporain. Son jeune âge n’empêche pas cette startup de faire preuve d’un grand professionnalisme. En effet chaque oeuvre est minutieusement sélectionnée et fait l’objet d’une expertise, attestant de sa qualité. L’accès facile, rapide à un grand nombre d’oeuvres, ainsi que la large palette de  prix proposés, permet aux initiés comme aux amateurs d’acquérir une oeuvre qui leur plaît.

Grâce à un fonctionnement 100% web et un modèle économique basé sur la prise de commission réalisée à chaque vente, Artsper grandit  vite ! La startup a levé  300 000 euros en 2014 et est sur sa deuxième levée qui vont lui permettre de se développer d’avantage.

Pour en savoir plus sur cette entreprise dynamique, nous avons posé nos questions à François-Xavier Trancart, co-fondateur et directeur général.

Artsper 2

Carte d’identité.

Nom : Artsper

Date de lancement : Avril 2013

Nombre d’employés : 7

Activité : Art et e-commerce

Cible : les 25 ans et plus

Siège : République

Modèle économique : Commission sur les ventes

 

Margot : Avez-vous toujours voulu créer votre entreprise, ou est-ce le résultat des circonstances ?

Françoix-Xavier :Pas vraiment, j’ai toujours fait des stages dans des grosses entreprises et je me voyais continuer et faire une carrière dans le marketing. Au tout début j’aidais Hugo de manière bénévole, sur son projet de startup. Et puis il m’a proposé qu’on se lance ensemble, alors j’ai saisi l’opportunité !

Margot : Comment se lancer dans l’art, domaine assez fermé, sans connaissance réelle de ce marché ?

Françoix-Xavier : Il est vrai que c’est un marché qui peut sembler fermé et élitiste. Au tout début, monter sa boîte quand on est jeune apparaissait comme un handicap, puis finalement on l’a tourné en avantage ! C’est justement parce qu’on ne venait pas de ce milieu, qu’on ne respectait pas ses codes qu’on a pu casser les habitudes et les pratiques en art contemporain pour décomplexer ce milieu.

Margot : Comment avez-vous choisi, puis convaincu des galeries européennes de vous faire confiance au début de votre aventure ?

Françoix-Xavier : Au début ça n’a pas été facile, avec Hugo on faisait du porte-à-porte. On a essuyé beaucoup de refus de la part des galeries, mais on a persévéré ! On a réussi à convaincre une petite trentaine de galeries et on a commencé avec cette base.

Margot : Quelle est la plus-value d’Artsper par rapport à ses concurrents ? En quoi cette plate-forme est-elle unique ?

Françoix-Xavier : Certains sites se positionnent comme des “bon coins” de l’art, ils ne font aucune modération et c’est un choix. Au contraire, nous avons décidé de travailler seulement avec des professionnels, que ce soit du côté des galeries ou de l’expertise. Ce qui garantit une certaine valeur et octroie une réelle reconnaissance au site. Nous sommes les seuls en Europe à proposer ce modèle.

Margot : Comment avez-vous définit et géré l’éditorialisation du site ? Et comment se passe le fonctionnement avec les galeries ?

Françoix-Xavier : Je pense que beaucoup de sites de e-commerce proposent un catalogue et des fiches produits très descriptifs. Nous ne voulons pas devenir un Amazon de l’art. C’est pourquoi d’emblée nous avons voulu fournir un maximum de détails, sur l’artiste, son oeuvre, la galerie où il expose pour raconter l’histoire des produits et les faire vivre.

Pour le fonctionnement, chaque galerie a son propre espace sur notre site. Ce sont elles qui gèrent les artistes et les oeuvres qu’elles exposent.

Margot : Vous parlez de “conseiller artistique” pour aiguiller les internautes, concrètement, comment cela fonctionne ?

Françoix-Xavier : C’était une idée qu’on avait dès le départ. On voulait mettre en place un dispositif qui permette aux gens de poser directement leurs questions. Pour nous c’était indispensable. On a même mis en place une demande d’appel, pour que l’acheteur puisse poser ses questions par téléphone.

Margot : Comment conseille t-on une entreprise qui souhaite acquérir des oeuvres ?

Françoix-Xavier : De plus en plus nous avons affaire à des chefs d’entreprise qui sont intéressés par l’art, mais sans forcément être initiés. Ils n’ont pas le temps d’aller dans des galeries sélectionner des oeuvres. Nous procédons alors de la manière suivante. Lorsque nous avons une demande, nous réalisons un entretien avec le chef d’entreprise, pour savoir quels sont ses goûts, quel type d’oeuvre il préfère, s’il souhaite avoir un thème et de quel budget il dispose. Nous sélectionnons alors plusieurs oeuvres puis nous lui proposons.  L’idée est vraiment d’offrir un service clé en main à l’entreprise.

Margot : Comment envisagez-vous votre développement à l’international ?

Françoix-Xavier : Maintenant qu’on a de solides partenariats avec des galeries francophones ( France et Belgique), on développe sérieusement un pôle à Londres. Une personne s’occupe de créer de nouvelles relations, de nouveaux contacts avec les galeries sur place. Londres est vraiment un point névralgique de l’art en Europe. A terme peut-être qu’on traduira le site en russe et en chinois et qu’on se développera vers l’Asie. Mais rien n’est encore décidé.

Margot : Un mot sur la “démocratisation” de l’art et son accessibilité pour tous.

Françoix-Xavier : Beaucoup de gens utilisent le mot démocratisation en parlant de l’art, mais à mon sens il vaut mieux employer le mot “décomplexer”. Tout le monde a accès à l’art, tout le monde peut rentrer dans un musée ou une galerie. Certaines personnes peuvent être mal à l’aise à l’idée de rentrer dans une galerie, ne vont pas savoir où aller ou bien encore n’oserons pas poser de question sur le prix de l’oeuvre. C’est pourquoi nous voulons le décomplexer !

Margot : Sur votre site on voit que vous avez crée un magazine, vous souhaitez vous tourner vers quelque chose de plus complet ?

Françoix-Xavier : Artsper n’est pas simplement une plateforme de commerce, nous proposons aussi de découvrir des expositions des interviews, du contenu ludique et instructif grâce notamment à ce magazine !

Nous remercions François-Xavier Trancart pour nous avoir accordé un peu de son temps et d’avoir répondu à toutes nos questions.

Artsper a toutes les cartes en main pour jouer dans la cour des grands. Son dynamisme, son ambition et ses projets laissent entrevoir un avenir plein de succès. Nous leur souhaitons une très belle réussite ! Après tout, comme disait Max Ernest “L’art est un jeux d’enfant”.

Margot MINET
Rédactrice
Institut Français de Presse
Master Médias, publics et cultures numériques
« Le plus grand ennui c’est d’exister sans vivre » Victor Hugo

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